Les secteurs amont du Saison (étages montagnards et submontagnards) abritent plusieurs habitats d’intérêt communautaire dont certains sont d’enjeux forts à moyens comme les mégaphorbiaies submontagnardes, les herbiers de mousses d’eau courantes, les saulaies riveraines des tronçons torrentiels et les communautés de tufs.

Au regard de la naturalité importante et du caractère à priori préservé des secteurs de têtes de bassin, il apparait nécessaire de conserver, ou le cas échéant de restaurer, les habitats naturels des secteurs montagnards qui par ailleurs déterminent la présence et l’état de conservation des habitats d’intérêt communautaire et des habitats d’espèces situés plus en aval.

2 objectifs opérationnels ont été identifiés pour répondre à cet objectif de conservation :

-          Amélioration des connaissances sur les grands canyons

Les inventaires des habitats d’intérêt communautaire sur le chevelu du réseau hydrographique du Saison ont été réalisés via un échantillonnage de certains tronçons de cours d’eau. Les données récoltées sont donc éparses et non exhaustives. Par ailleurs, les moyens alloués au diagnostic écologique n’ont pas permis de prendre le temps d’inventorier finement les secteurs de canyons ou de petits cours d’eau très encaissés. De plus, le canyon d’Ehujarre n’a pas fait l’objet d’inventaires puisque ces derniers se sont concentrés uniquement sur les cours d’eau permanents. Les diagnostics réalisés sur les sites terrestres ne permettent pas non plus d’avoir une vision représentative et exhaustive des habitats présents dans ces canyons bien que ces inventaires aient permis d’alimenter la typologie des habitats du site du Saison.

Si certains secteurs ont fait l’objet de prospections suffisantes (aval et cours médian de Kakouetta, Holzarte) d’autres secteurs sont moins bien connus et sont susceptibles d’abriter des habitats et espèces d’intérêt communautaire. Les secteurs à privilégier dans cette action sont : l’amont de Kakouetta, les gorges d’Olhadubi, les gorges d’Ehujarre, et d’autres petits ruisseaux comme le Ruisseau de Betzula. 

-          Maintien de la quantité et de la qualité d’eau

Le réseau hydrographique de l’amont du Saison est dense et peu accessible. Par ailleurs, les usages en place comme dans la majorité des zones de montagnes sont orientés vers le pastoralisme et la sylviculture. Ainsi, il apparait a priori que les cours d’eau des têtes de bassins sont soumis à peu d’impacts. Néanmoins, lors des inventaires de terrain, différentes menaces ont été inventoriées. Il convient de les quantifier pour proposer/inciter des corrections.

Le Saison comporte un espace de mobilité fonctionnel de type système en tresses dans sa partie médiane, plus particulièrement entre Licq-Atherey et Mauléon. Ce système en tresses est très favorable au développement des HIC et à la présence d’habitats d’espèces des EIC (frayères du Saumon atlantique, habitat Desman ou Loutre d’Europe, …)

L’extraction massive de granulats entre les années 1960-80 est sans doute le facteur le plus important dans les carences observées aujourd’hui sur certains secteurs du site. Le blocage du transport sédimentaire sur les grand barrages, l’endiguement ponctuel, ou encore les diverses contraintes latérales  mise en place sous forme de protections de berge en génie civil, participent également à fragiliser ce système.

Cet objectif a pour but d’aider à conserver ce fonctionnement en tresses du cours d’eau aujourd’hui fragilisé. Quatre objectifs opérationnels ont été identifiés pour répondre à cet objectif de conservation :

-         Maintien et restauration des annexes hydrauliques pour augmenter les frayères à saumons et développer les HIC.

Les annexes hydrauliques ou fluviales correspondent à l’ensemble des zones humides alluviales en relation permanente ou temporaire avec le milieu courant par des connections soient superficielles soient souterraines : bancs alluviaux, bras morts, prairies inondables, forêts alluviales, ripisylves, sources et rivières phréatiques. Ces zones sont indispensables pour la vie du cours d’eau. En effet, en plus de constituer des zones tampons qui contribuent à l’épuration naturelle du cours d’eau, elles jouent un rôle de « régulation hydraulique » pour la restitution des volumes stockés l’hiver durant la période d’étiage et accueillent de nombreux habitats d’intérêt communautaire. Elles constituent en outre des zones de fraies pour le Saumon atlantique ou encore des zones d’habitats pour la Loutre d’Europe ou le Desman des Pyrénées.

Leur maintien ainsi que leur restauration est primordiale pour conserver ces espèces.

-          Préservation et restauration des HIC alluviaux et de leur fonctionnement

Les HIC alluviaux se situent principalement sur les zones de saligues du Saison entre Licq Atherey et Mauléon, dans la zone de mobilité du Saison.

Menacées notamment par l’incision du lit, et l’assèchement progressif du milieu,  leur conservation passe par  le  maintien  des  zones  de  divagation  de  la  rivière.

-          Amélioration du transport solide

Suite aux extractions massives des années 1960-80, le Saison se trouve aujourd’hui en déficit en matériaux avec une incision du lit sur certains secteurs. Aujourd’hui cette exploitation a cessé mais les réserves en granulats n’ont pu qu’être partiellement  reconstituées. L’objectif est d’améliorer et, si possible, de restaurer la continuité du transit sédimentaire par charriage, afin de maintenir le système en tresses.

-          Permettre une mobilité latérale du cours d’eau

Cet objectif a pour but de limiter les  aménagements dans les zones à faible enjeu humain afin de ne pas modifier le fonctionnement naturel du cours d’eau. Il peut s’avérer également bénéfique de réaliser des travaux afin d’enlever des protections de berges et de favoriser ainsi une mobilité latérale du cours d’eau.

La présence de poissons migrateurs (Saumon, Aloses, Lamproie), de mammifères semi-aquatiques (Loutre, Desman) et de l’Écrevisse à pattes blanches, sont une des raisons majeures qui a motivé la désignation des cours d’eau du bassin versant du Saison en site Natura 2000. Les corridors écologiques assurent les connexions entre les sites de vie des espèces, en permettant la continuité entre les milieux et en offrant aux espèces des conditions favorables à leur déplacement. Au sein du site, les corridors sont le cours d’eau et la ripisylve. Ils sont interrompus sur le site par la présence de seuils, de berges anthropisées (enrochement, absence de ripisylve…), de ponts ou encore de passages busés. Ces obstacles, lorsqu’ils ne sont pas équipés, peuvent empêcher les espèces d’atteindre certains sites vitaux ou  les obliger à emprunter des zones à risque telles les routes pour les contourner (mammifères semi aquatiques). La restauration des corridors biologiques permettra donc d’étendre les aires de répartition des poissons et de l’écrevisse à pattes blanches et de limiter les risques de mortalité des mammifères semi-aquatiques.

Quatre objectifs opérationnels ont été identifiés pour répondre à cet objectif de conservation :

-          Amélioration de l’accessibilité sur l’Apoura et l’Apouhoura pour le saumon

Trois barrages présents sur l’aval de l’Apoura (1) et de l’Apouhoura (2) créent des difficultés de franchissabilité pour le saumon atlantique qui fréquente ces 2 cours d’eau et qui compte pourtant à l’amont de ces ouvrages des zones favorables à sa reproduction. Cet objectif devra permettre de participer à l’aménagement de ces ouvrages afin de permettre aux saumons d’accéder à des zones de reproduction en amont.

-          Permettre l’accessibilité de la Lamproie Marine à l’amont de Mauléon

Le seuil de Cherbero, de par sa configuration, ne présente pas les caractéristiques nécessaires à la montaison de la lamproie marine qui compte pourtant à l’amont de cet ouvrage des zones favorables à sa reproduction. Cet objectif vise à participer à l’aménagement de cet ouvrage afin de permettre aux lamproies marines d’accéder à des zones de reproduction en amont.

-          Restauration des habitats à écrevisse à l’aval des affluents colonisés

Les populations d’écrevisses à pattes blanches sont bien présentes sur le bassin du Saison. Cependant ces populations sont essentiellement implantées sur les parties amont des affluents et se trouvent souvent isolées les unes des autres. Cette perte de connexion entre les populations vient souvent du fait de la dégradation de ses habitats sur la partie aval des affluents et plus particulièrement de la dégradation ou de l’absence de ripisylve. Des actions devront donc être portées afin de reconnecter les populations entre elles.

-          Réduction des risques de collision des mammifères semi aquatiques

Les mammifères semi aquatiques (Loutre d’Europe et Desman) peuvent être impactés par des difficultés de continuité sur certains ouvrages (ponts en particulier), les contraignant à sortir du cours d’eau et les exposant ainsi à des risques de collisions routières. Cet objectif veillera donc à identifier ces ouvrages et tenter de les aménager de façon à diminuer le risque.

La préservation et le développement de certains habitats d’intérêt communautaire et habitat d’espèces passent par la mise en œuvre de mesures de gestion spécifiques.

-          Incitation à la mise en place de pratiques agricoles favorables à la conservation ou au développement des HIC

L’agriculture est l’une des activités qui permet le maintien de milieux ouverts. En fonction de la gestion mise en place par les agriculteurs, ces parcelles peuvent évoluer vers des habitats d’IC. De plus, des mesures peuvent être proposées pour limiter l’impact de l’agriculture sur les espèces et leurs habitats situés en périphérie de ces parcelles.

-          Restauration et entretien des mégaphorbiaies et ripisylves sur l’ensemble du site

Les mégaphorbiaies sont des habitats d’intérêt communautaire situées majoritairement à l’aval du bassin versant. Elles se situent le long des fossés et canaux ou en lisière de forêt humide et constituent un stade de reconquête forestière des milieux abandonnés. Ce sont donc des végétations transitoires. L’objectif est de réaliser une gestion adaptée permettant l’expression de la diversité floristique.

Les ripisylves d’intérêt communautaire ou non, constituent des zones de déplacement naturelles pour de nombreuses espèces du site (Desman, Loutre d’Europe, Ecrevisse à pattes blanches). Leur maintien en bon état de conservation est favorable à la faune et la flore locale, mais aussi à la qualité du cours d’eau et de ses berges.

-          Gestion des espèces exotiques envahissantes (végétales)

Les EEE (végétales) impactent fortement les habitats d’IC car elles les concurrencent. Cet objectif a pour but de maitriser, voire limiter, sur des secteurs précis, le développement des EEE afin d’augmenter les surfaces d’habitats HIC.

Les différents poissons migrateurs présents sur le Saison utilisent les zones du Saison à l’aval de Mauléon pour se reproduire. Or aujourd’hui, les différentes études ont montré que, sur cette portion de cours d’eau, les taux de survie des œufs issus de la reproduction sont souvent très faibles, voir nuls pour des espèces comme le Saumon notamment. Un des principaux facteurs identifié à ce jour, impactant la survie des œufs, vient du colmatage du sédiment qui empêche l’eau de circuler entre les graviers, d’où une anoxie et une mortalité des œufs. Cet objectif veillera à mettre en œuvre des actions permettant d’améliorer la qualité de ces frayères.

Trois objectifs opérationnels ont été identifiés pour répondre à cet objectif de conservation :

-          Lutte contre les facteurs conduisant au colmatage des frayères

Le colmatage vient au moins en partie de l’érosion des sols. La présence d’une surface plus importante en culture sur l’aval du bassin versant peut expliquer ces phénomènes d’érosion, par la faible capacité des sols à retenir les éléments (sols nus l’hiver sur les surfaces cultivées). Les sédiments et particules argileuses pouvant alors colmater le lit du cours d’eau et participer à la dégradation de la qualité de l’eau. L'objectif de cet engagement est d'inciter les exploitants agricoles à mettre en place des pratiques plus favorables à une réduction de l’érosion de leurs parcelles et donc du colmatage des cours d’eau.

-          Limitation des sources de pollution anthropiques

La qualité physico-chimique des cours d’eau du bassin versant du Saison est globalement bonne, mais présente toutefois des signes de dégradation d’amont vers l’aval. Certains cours d’eau présentent notamment des signes de colmatage importants par les matières en suspension. Dans le cadre de Natura 2000, l’objectif porte sur des actions visant à améliorer la qualité de l’eau sur le bassin versant  en travaillant sur les volets « assainissement » et  « agricole ».

-          Amélioration du transport solide

Suite aux extractions massives des années 1960-80, le Saison se trouve aujourd’hui en déficit en matériaux avec une incision du lit sur certains secteurs. Aujourd’hui, cette exploitation a cessé mais les réserves en granulats n’ont pu qu’être partiellement reconstituées. L’objectif est d’améliorer et, si possible, de restaurer la continuité du transit sédimentaire par charriage, afin de maintenir le système en tresses.

Un diagnostic écologique a été réalisé lors de la réalisation du DOCOB. Néanmoins, l’étude passée  n’avait pas pour objet de cibler l’ensemble des espèces d’IC présentes sur le bassin versant, et notamment certains lépidoptères (Cuivré des Marais et Damier de la succise) et odonates (Agrion de mercure).

Un objectif opérationnel a été identifié pour répondre à cet objectif de conservation :

-          Amélioration des connaissances sur ces trois espèces sur le site

Dans le cadre des prospections réalisées, trois individus d’Agrion de mercure ont été observés sur un ruisseau au lieu-dit « Lapeyre » sur la commune de Rivehaute, un individu sur le Ruisseau de Sabalot situé plus au nord à Gestas, et enfin cinq individus sur un ruisseau au lieu-dit « Le Village » sur la commune de Lichos. Pour le Cuivré des marais et le Damier de la succise, leur présence est supposée mais le diagnostic n’a pas permis de conclure sur la présence de ces deux espèces. Des inventaires complémentaires sont donc essentiels pour définir l’état de conservation de ces 3 trois espèces.

-          Accompagnement des collectivités et porteurs de projets pour l’intégration des enjeux Natura 2000 dans l’évaluation des incidences

Les plans, travaux ou programmes situés dans le périmètre du site Natura 2000 et soumis à autorisation ou déclaration doivent faire l’objet d’une étude des incidences du projet sur les habitats et espèces d’intérêt communautaire. L’accompagnement des structures porteuses de projet pour l’intégration des enjeux Natura 2000 permettra une meilleure prise en compte des enjeux écologiques dans les projets. La mise à disposition d’une cartographie précise et des fiches habitats et espèces permettra aux porteurs de projet d’intégrer les enjeux.

-          Information, sensibilisation et communication générale auprès des différents publics

La mise en œuvre des actions ne pourra se faire qu’avec une bonne connaissance des enjeux par les acteurs locaux. L’information des différents publics (élus, socioprofessionnels, enfants) permettra l’adhésion de tous.

-          Mise en œuvre de l’animation du DOCOB

Cet objectif correspond au suivi de la mise en œuvre et à l’animation du DOCOB