Prévention et lutte contre les inondations

Les facteurs de risque

Les bassins des gaves, issus des versants pyrénéens, « produit » des  cours d'eau à forte capacité de charriage et à temps de réaction assez court (temps de montée des eaux). Les études réalisées depuis les crues de 1992 ont conduit à mettre en évidence les fortes relations entre l'hydraulique du cours d'eau, sa morphologie, le milieu naturel et les activités humaines environnantes.

Localement, les travaux lourds réalisés directement en lit mineur, comme le curage ou les extractions d'alluvions grossières et la chenalisation (rendre un cours d’eau plus rectiligne pour accélérer son écoulement), par implantation de protections de berge ou de digues contre les inondations, ont eu pour conséquences directes ou indirectes une tendance à l'incision du lit mineur. Cette évolution reste cependant localisée et modérée et ses répercutions sur la propagation des crues sont réelles mais encore modérées modérée sur nos cours d’eau (ce qui n’est pas le cas pour d’autres cours d’eau pyrénéens).

En effet, les modifications apportées à l'un de ces éléments jusque dans les années 1980 ont eu des répercussions non négligeables sur la morphologie et la topographie du lit (enfoncement du lit évoluant vers l'amont et vers l'aval indiquant le mécanisme d'une érosion régressive).

Cet enfoncement du lit a eu dans un premier temps pour conséquences :

  • un abaissement du niveau de la nappe phréatique et une modification de la végétation (passage d'une végétation de type aulne/saule à peuplier/frêne),
  • une diminution des débordements et une réduction des zones de dispersion des crues,
  • une déstabilisation des berges accrue et une perte progressive de terres agricoles (berges plus hautes et plus sensibles, végétation moins efficace, puissance d'érosion dans le chenal plus forte,…).

Ensuite, dans un souci légitime de protection des biens et des personnes contre les inondations, l'Homme a tenté de réduire l'espace de respiration du Saison et du Gave d'Oloron par la mise en place de protection de berge en enrochements, d'épis, ou de merlon et digues de protection.

La réponse du cours d'eau à cette perte supplémentaire de zone d'expansion des crues s'est traduite rapidement en problème humain. En effet, la chenalisation de certaines portions du lit mineur, d'une part, et les modifications de l'occupation du sol sur les versants ou rives, d'autre part, ont également des impacts sur :

  • le fonctionnement des zones inondables avec, ponctuellement, une diminution de la fréquence et de la durée des débordements ;
  • la connexion entre le cours d'eau et ses annexes fluviales (zones humides, chenaux secondaires, etc.) présents dans le lit majeur ou correspondant à l'espace historique occupé par les gaves,
  • les échanges entre le cours d'eau et leur nappe d'accompagnement, dont la recharge dépend largement de la mise en eau du lit majeur lors des crues.

 Sur le bassin du Saison, on retrouve donc aujourd'hui les principaux secteurs à risque d'inondation (pour les enjeux humains, hors zone agricole) classés par type de crue de la manière suivante (liste non exhaustive) :

- Risque d'inondation torrentielle (montée rapide des eaux, transport solide Habitations isolées sur le Gave de Sainte-Engrâce et le Gave de Larrau,

  • Bourg de Licq (protégée par une digue classée au titre des ouvrages de protection contre les crues),
  • Bourg d'Athérey sur le Saison et au niveau de la confluence de l'Appaniche,
  • Habitations au niveau du pont de Tardets-Sorholus / Alos-Sibas-Abense
  • Localement quelques fermes sur les affluents montagnards ou collinéens.

-  Risque d'inondation fluviale (montée plus progressive des eaux dans une plaine plus étendue) pour les zones habitées

  • De Tardets à Menditte,
  • Agglomération de Mauléon-Licharre et communes environnantes (Viodos-Abense-de-Bas, Chéraute, Gotein-Libarrenx),
  • Osserain-Rivareyte, etc.

Sur le Gave d'Oloron aval, le risque d'inondation torrentiel n'est pas présent mais le risque d'inondation fluviale concerne toute la plaine alluviale de Sauveterre-de-Béarn à Léren. Globalement la zone inondable est très agricole (maïs, kiwi, élevage principalement), mais des secteurs habités à risque sont ausssi concernés par

  • des fermes ou moulins isolés dans la plaine alluviale (Auterrive, St Pé de Léren ou Léren,…) ,
  • la partie basse du  village de Castagnède
  • ou les parties basses de Sauveterre-de-Béarn.

Les solutions proposées

Face aux risques d’inondation et d’érosion liés aux crues, le plan de gestion a identifié deux objectifs principaux :

 

  • Protéger les zones à enjeux soumises à inondation ou à érosion/mobilité
  • Restaurer ou améliorer des usages ou fonctions perdus ou détériorés du fait des crues fluviales ou torrentielles.

Le premier principe de gestion consiste donc à ne protéger activement que les enjeux importants, en privilégiant la sécurité des personnes, des équipements stratégiques et des activités économiques.

Le second principe consiste à implanter les systèmes de protection au plus près des enjeux concernés, afin de préserver au mieux les espaces tampons et leur fonctionnement hydraulique.

Suite aux crues récentes (de 2011 à 2015), la majorité des travaux d’urgence ont porté sur la réparation des dégâts, notamment ceux causés aux ouvrages et aux infrastructures, et sur la mise en place de nouvelles protections :

  • Reprises d’enrochements
  • Réduction de la vulnérabilité de la berge à l’érosion par talutage, génie végétal ou techniques mixtes
  • Confortement des assises d’ouvrage
  • Modifications/suppressions d’un ouvrage propice à la formation d’embâcles
  • Réouverture de bras de crues, de chenaux secondaires
  • Gestion de la végétation et des embâcles

Une partie de ces travaux ont fait l’objet d’une étude hydraulique préalable, afin d’en limiter les impacts sur le fonctionnement des cours d’eau en crue et de ne pas aggraver la situation, lors d’un nouvel évènement d’une intensité comparable.

Dans ce contexte, le SIGOM a cherché à mettre en place une coordination entre les divers maîtres d’ouvrage concernés, notamment les communes, afin qu’ils prennent en compte les principes de la gestion intégrée, à l’échelle du bassin versant.

Dans le cadre de la prise de compétence GEMA-PI, le syndicat devra élaborer une stratégie plus fine de gestion des crues et inondations. Les cas de figures des inondations de juin 2013 ou juillet 2014 sur les affluents du Saleys ou du Saison ont démontrés la sous-estimation des risques présents sur ces parties de territoires.

A noter enfin que sur le territoire du Saleys, en particulier autour de l’agglomération de Salies-de-Béarn, la DDTM 64 conduit une démarche de Plan de Prévention des Risques d’inondation depuis 2016. Elle devrait aboutir à une carte des zones à risque et des règles d’urbanisme qui prennent en compte le risque d’inondation prochainement. Le Syndicat Mixte des Gaves d'Oloron et de Mauléon est associée à cette démarche. Il est par ailleurs demandeur depuis plusieurs années de la mise en place d’un PPRi sur le bassin du Saison. Les crues récentes de 2011 à 2015 (Saison et affluents) le confortent dans ce besoin.